•  

    Extrait d'un entretien avec Georges Didi-Huberman

    Je suis enfant de peintre. Je passais des heures dans l'atelier. Je regardais les tableaux en train de se faire. Je faisais l'assistant, je lavais les pinceaux. Très tôt, j'ai aimé discuter du travail, du ¬processus, de comment s'enchaînent les problèmes dans un tableau. Il y avait aussi une forte charge érotique dans cet atelier (les catalogues de dessins, Ingres ou Bellmer, Les Larmes d'Éros de Georges Bataille...). Je faisais de l'auto-stop pour aller voir les galeries d'art contemporain à Paris et quelques ateliers de sculpteurs. Adolescent, je travaillais souvent au Musée d'Art moderne de Saint-Étienne, aidant à la documentation, assistant aux accrochages d'exposition ou m'essayant à des visites commentées — toujours très vives — avec un public généralement suspicieux devant l'art depuis Cézanne. Donc, l'élément natif, si l'on peut dire, c'est l'art contemporain, c'est-à-dire l'art de chaque instant présent, l'art en tant que question toujours en train de se poser. Je ne suis entré dans l'art médiéval et renaissant que lorsque j'en ai eu l'expérience concrète, lors des quatre ou cinq ans que j'ai passés, bien plus tard, en Italie. Mais, là encore, devant les « taches » de Fra Angelico, par exemple, les questions comment c'est fait ? comment se pose le problème ? venaient en avant des questions qui a fait cela ? ou qu'est-ce que ça veut dire ? C'est pourquoi j'ai l'impression d'avoir plus appris des ¬artistes eux-mêmes — avec qui le dialogue n'a jamais cessé — que des historiens.


    votre commentaire
  •  

    De la culture en Amérique

    par Frédéric Martel

     

     

     

    Frédéric Martel qui présente chaque samedi l'émission Masse critique sur France culture a proposé une série de mesures à prendre pour rendre à nouveau le ministère de la culture efficace et reconstruire des bases solides à la culture en France. Fort d'une expérience auprès de plusieurs anciens ministres, de recherches relatives à la culture aux Etats Unis, il propose des mesures fortes et originales. Son émission Masse critique s'intéresse aux industries culturelles qui ne sont souvent pas traitées par les gens de "culture". Intérêt porté à la culture du divertissement. comprendre son importance par rapport à la culture noble....

    Vous pouvez lire ses 25 propositions sur son site. Ci-dessous quelques lignes qui décrivent une situation française désastreuse. http://www.fredericmartel.com/rubrique.php3?id_rubrique=3

     

     

     

    Pour une nouvelle politique culturelle : 25 propositions (extrait)

    La culture est en France engagée dans une spirale de la misère. Nous avons des dizaines de milliers d'intermittents du spectacle qui se battent durement pour faire leurs 507 heures en 10 mois ; un fonds d'indemnisation et de professionnalisation pour ceux qui les font en 12 mois et le RMI pour les autres. A Paris, nous avons 7.800 artistes au RMI sur 59.000 allocataires du RMI (1 RMIste sur 7 est artiste, soit 13 % des Rmistes parisiens).

    Si nous comparons le marché de l'emploi artistique en France et aux États-Unis, nous découvrons qu'il y a 2,1 millions d'artistes qui travaillent aux USA contre 440.000 en France (rapporté à la taille des deux pays c'est un chiffre à peu près équivalent). Notre problème n'est donc pas d'avoir trop d'artistes, ni trop d'intermittents du spectacle, comme on le dit trop souvent ; mais de ne pas avoir assez d'opportunités de travail.


    votre commentaire

  • votre commentaire

  • votre commentaire