• L'ignorant

     

    Plus je vieillis et plus je croîs

    en ignorance,

    plus j'ai vécu, moins je possède et

    moins je règne. <?XML:NAMESPACE PREFIX = O /><O:P></O:P>

    Tout ce que j'ai, c'est un espace tour à

    tour

    enneigé ou brillant, mais jamais habité.

    Où est le donateur, le guide, le

    gardien ?

    <O:P></O:P>Je me tiens dans ma chambre et

    d'abord je me tais

    <O:P></O:P>(le silence entre en serviteur mettre un

    peu d'ordre),

    <O:P></O:P>et j'attends qu'un à un les mensonges

    s'écartent :

    <O:P></O:P>que reste-t-il ? que reste-t-il à ce

    mourant

    qui l'empêche si bien de mourir ?  Quelle force

    <O:P></O:P>le fait encor parler entre ses quatre murs ? <O:P></O:P>Pourrais-je le savoir, moi l'ignare et l'inquiet ? <O:P></O:P>Mais je l'entends vraiment qui parle, et sa parole <O:P></O:P>pénètre avec le jour, encore que bien vague : <O:P></O:P>« Comme le feu, l'amour n'établit sa clarté <O:P></O:P>

    que sur la faute et la beauté des bois

    en cendres... » 

     

    Publié chez Gallimard en 1957<O:P>  </O:P><O:P>
    </O:P>

    votre commentaire
  • Les risques du mécénat

     

     

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Une horde de visiteurs impatients de pénétrer dans le temple artistique. Des centaines de personnes massées devant l'entrée de l'exposition, désirant courir se prosterner devant une peinture de Nicolas Poussin, qui a sans doute d'avantage fait couler d'encre depuis que son acquisition par un musée français est posée, que durant toute l'histoire de l'art...<o:p> </o:p> La Fuite en Egypte de Poussin, classée Trésor national est en France, certes. Un « élan national » exceptionnel, que l'on a présenté comme un cas emblématique, a permis de conserver cette toile importante d'un des plus grands artistes français du XVIIe siècle. On voudrait nous faire croire qu'une convergence de partenaires à la fois privés et publics a assuré le succès du maintien à Lyon, de l'œuvre commandée par un lyonnais. Il est vrai que des entreprises privées ont contribuées à l'acquisition (14 millions sur 17) et que l'Etat n'était pas doté des moyens permettant l'acquisition. Mais ce dossier permet toutefois de mettre en évidence les risques que le développement constant du mécénat peut engendrer. Notons, que l'œuvre qui était évaluée à 12 millions il y a trente mois, a été vendue au final plus de 17 millions !!! Une différence non tolérable que le vendeur a pu négocier face au manque d'unité des acheteurs et à la complexité du montage financier. Dépendance de la politique culturelle des choix des entreprises, politique fiscale déconnectée de l'esprit originel du mécénat, recul constant de l'Etat et privatisation rampante, non respect de la loi mécénat et sponsoring défiscalisé, différences entre mécénat suisse ou américain par rapport au modèle imposé de force en France... Tant de questions qui permettent de démontrer les limites d'un système qui donne trop de pouvoir au mécène.<o:p> </o:p> Dans toute action, projet, entreprise, le financeur est toujours celui qui décide. Diversifier les modes de financements et les faire reposer de plus en plus fréquemment sur des entreprises privées, conduit à donner aux responsables communication et aux directions d'entreprises un nouveau pouvoir. Ils peuvent progressivement décider de la politique culturelle française en apportant ou non leur soutien à un évènement ou un projet culturel. Les lignes définies dans le monde des musées par les conservateurs ou directeurs de musées seront ainsi de plus en plus remises en cause par les volontés des entrepreneurs qui apportent une puissance financière. Ou du moins même si ce ne sont pas eux qui décideront des programmations, les conservateurs devront d'eux-mêmes s'imposer des limites et des contraintes pour s'assurer l'approbation des mécènes. Cela nous parait dangereux à terme pour les respect d'une diversité culturelle et pour la reconnaissance d'un pluralisme dans les pratiques culturelles et dans les idées diffusées par nos institutions. L'exemple relativement récent est une exposition consacrée au thème de la peau au Palais de Tokyo, organisée grâce à un mécène : l'entreprise Nivea qui semblait parfaitement positionnée pour assurer le service après vente de l'exposition... Où est la cohérence du projet, quelle est la pertinence intellectuelle de l'exposition ?<o:p> </o:p> Le mécénat conduit à la remise en cause de projets difficiles, exigeants, qui n'attirent pas forcément un très large public. Le mécène recherchant une grande visibilité, il n'accepte de contribuer financièrement qu'à des évènements qui lui assurent une large exposition médiatique et populaire... Les grandes institutions de type Musée du Louvre pourront ainsi toujours trouver des mécènes, leurs 7 ou 8 millions de visiteurs annuels étant une aubaine extraordinaire pour l'entreprise. Mais des lieux plus confidentiels ou qui développent des programmations plus difficiles seront sans cesse épargnés de financements privés de grande ampleur. Alors que nous observons que la décentralisation, le retrait de l'Etat et le mécénat sont trois éléments qui fonctionnement ensembles depuis plus de 10 ans, nous pouvons que redouter la disparition d'un certain nombre de pans culturels qui font pourtant la richesse intellectuelle de notre pays. Le mouvement actuel étant une diminution des charges du ministère pour un report sur les régions qui n'ont par forcément les moyens d'assurer des équipements culturels sur tout le territoire et qui ont de plus en plus de difficultés à trouver du mécénat, plus ils sont éloignés des centres. La horde évoquée plus haut n'étant effectivement pas forcément au rendez-vous dans des petites villes qui pourtant sont capables de mettre sur pied des programmes tout à fait intéressant... Notons à ce titre que même de grandes institutions telles que le Centre Pompidou connaissent des problèmes pour trouver des mécènes sur certains projets. L'exposition Calder est reportée à 2009 faute de financement, et une exposition Sarkis, sans doute pas assez visible pour Cartier, Total, BNP, ou AXA, est encore en suspend tant q'un mécène ne s'engage pas... C'est vraiment une marque de respect pour l'artiste qui doit exposer et une reconnaissance du travail des conservateurs que de conditionner les expositions à des financements privés, très volatiles, qui peuvent venir très vite mais également repartir aussi rapidement. L'argent privé s'inscrit très rarement dans le long terme sauf dans le cas des Fondations qui sont pérennes.<o:p> </o:p> Cette remarque nous amène à débattre de la notion de mécénat. Un particulier ou une entreprise qui effectue du mécénat par le biais d'une Fondation parait très utile au pays, car l'investissement est inscrit dans une temporalité longue. Proche de celle de l'Etat ou des collectivité qui assurent une continuité de service public quoi qu'il arrive. Ces pratiques de mécénat peu développés en France doivent être défiscalisées et incitées. L'exemple de la Fondation Salomon près d'Annecy est à ce titre éloquent. Tant son action est complémentaire de ce que propose les instances publiques et peut être considérée comme véritablement désintéressée... Par opposition le mécénat que l'on nous impose en France, en particulier le mécénat d'entreprise parait aberrant à divers titres. Tout d'abord le mécène attend bien souvent une contrepartie de son don, alors que la loi qui le régit invoque un principe de désintéressement. Le mécène ne devrait pas se faire connaître, ou du moins ne devrait pas bénéficier de publicité, d'annonces, et ne doit pas pouvoir utiliser son action de mécène comme d'un instrument pour faire de la publicité. Les panneaux Decaux qui remerciaient les mécènes pour l'acquisition du tableau de Poussin à Lyon présentés cet hiver, sont tout simplement scandaleux. Il s'agit d'une publicité gratuite, qui valorise grandement l'image de l'entreprise et qui en plus est offerte en échange d'un don quasiment totalement défiscalisé. Lorsque Total donne 1 million d'euros pour acheter une œuvre pour l'Etat, le don ne lui coûte véritablement que 10 % c'est à dire 100.000 euros, le reste étant déduit des impots. Cette entreprise qui dégage des bénéfices quasiment indécents, en étant l'une de celle au monde qui génère le plus de pollution et de nuisances, peut redorer son blason en s'inscrivant dans des procédures de mécénat qui lui sont remboursées quasiment en totalité et qui lui permettent d'inscrire ce blason en lettres dorées dans la galerie d'Apollon au Louvre... L'Etat que l'on présente comme n'ayant plus les moyens d'assurer des missions de service public de qualité défiscalise à une hauteur si importante les mécènes, que le manque a gagner pourrait très bien être investi dans la culture ou ailleurs... Les entreprises en France ne s'intéressent finalement pas beaucoup à la culture et ne donnent de l'argent ponctuellement que pour valoriser leur image. Pour l'acquisition du tableau de Poussin, les mécènes ont bénéficié de 90 % de déduction liés à un don permettant l'acquisition d'un trésor national. Cela ne démontre pas véritablement l'esprit humaniste de nos entrepreneurs et leur véritable engagement désintéressé dans l'univers culturel...

     

    Nous en venons au dernier développement de nos propos, relatif à la culture du mécénat en France et à l'étranger. Nos décideurs nous font croire que le mécénat d'entreprise est très développé à l'étranger et que c'est la seule solution pour sauver notre pays endetté, et notre Etat défaillant qui ne plus assumer des missions de service public... Une belle pensée unique qui ne repose sur aucun élément concret, mais seulement sur des préjugés totalement faux et une désinformation que peu de gens tiennent à remettre en cause. Ce mensonge diffusé par le ministère de la culture, le président, et les différents partenaires tend à simplifier des situations complexes et à banaliser des idées reçues entretenues par des fantasmes sur l'étranger. Pas un jour ne passe sans que l'on nous dise : « à l'étranger c'est comme cela », « il faut évoluer », « il faut s'adapter »... Le monde change. Une phrase qui nous est sans cesse répétée. Phrase qui conduit tout le monde à se dire effectivement il faut s'adapter. Mais phrase totalement idiote, car le monde ne change pas seul par la force d'une puissance supérieure. Si le monde change c'est que nous le voulons... Le mécénat n'est pas implanté aux Etats-Unis, pourtant très libéral, soit disant beaucoup plus que la France... Une enquête de Frédéric Martel menée pendant plus de trois ans sur le modèle culturel démontre parfaitement que toutes les structures culturelles publiques chez nous, ne sont absolument pas privées aux Etats-Unis, mais sont de type association loi 1901 / à but non lucratif... Le mécénat dans ces structures est au maximum de 2 %... Quasiment autant que ce qui se fait en France. Alors cessons de nous imposer le discours unique du mécène qui va sauver notre culture. Par ailleurs ce qui est très développé aux Etats-Unis est la philanthropie. C'est ce qui assure 30 du financement des institutions. Modèle qui n'est pas du tout développé en France mais qui ne peut pas se décréter à coups de mesures fiscales... De très nombreuses personnes relativement aisées aident en effet les institutions non privées en faisant des dons totalement désintéressés et seulement défiscalisés à hauteur de 30 %... On est bien loin de nos 90 % accordés aujourd'hui pour les entreprises en France.

     

    Il n'est pas possible d'imposer un modèle sur un autre. On ne peut pas imposer de la philanthropie, présente depuis 200 ans aux USA et totalement inexistante en France, simplement en pratiquant une fiscalité extraordinaire. Le problème est culturel et non économique. Le modèle ne peut être calqué et implanté brutalement. Il en va de même pour le mécénat d'entreprise.<o:p> </o:p> Nous sommes toutefois totalement favorables au mécénat d'entreprise, à condition qu'il vienne épauler les missions de l'Etat fondamentales sans lui nuire, et qu'il soit réellement désintéressé. Le mécénat n'est pas présent culturellement. Nous espérons que avec le temps il va s'immiscer progressivement, calmement, pour de véritables motivations humanistes, philanthropiques et non pour des questions fiscales, d'images ou de publicité cachée... Le secteur privé peut aider la culture mais comme renfort, non pas comme acteur principal. Malheureusement il semble bien difficile de croire que le gouvernement actuel et le président, puisse revenir sur une conception libérale de la culture, sans équivalent dans le monde...

     

    Un Poussin a été acheté. Tant mieux. Mais à quel prix ? Des manques à gagner fiscaux de près de 12 millions d'euros. Des contreparties intolérables offertes aux faux mécènes qui sont plus des sponsors. Une forme de prostitution : on est presque prêt à tout après réception d'un chèque...Espérons au moins que dans le cadre de l'exposition articulée autour du tableau de Poussin, les petits fours ait été offerts par Toupargel, l'assurance des œuvres prise en charge par AXA, et la publicité de l'expo financée par Decaux, tout trois mécènes... Nous invitons les lecteurs à visiter jusqu'au 19 mai 2008 au musée des Beaux Arts de Lyon, l'exposition « Poussin and Co »...<o:p> </o:p><o:p>Gwilherm Perthuis</o:p> 

    votre commentaire
  • Incident technique au musée des beaux arts de Lyon le dimanche 17 février : Rail de spots tombé pendant les heures d'ouverture dans la salle de La Fuite en Egypte de Poussin montrée depuis mercredi dernier. Alors que le musée voit ses effectifs diminuer et la maintenance perdre de la qualité, une privatisation rampante menace l'instituton. On accueille les bras ouverts des privés pour acheter une oeuvre une fortune, mais plus personne n'assure les conditions essentielles de conservation et de protection des oeuvres. GP

    votre commentaire

  • votre commentaire
  •  

    A quand un musée rebaptisé Musée Danone de Lyon...

    Un opéra renommé Opéra Société Générale de Marseille....

    Ou même une nouvelle bibliothèque Maison du Café...

     

    C'est déja le cas avec les lieux de spectacles sportifs tel que le stade de Francfort nommé Commerzbank Arena...

    Ce sera bientot le cas à Lyon avec le Sony Stadium commandé par Aulas et financé en partie par la collectivité et en particulier le "maire socialiste" Collomb...


    votre commentaire