• Victor Hugo
    Dessins visionnaires
    Du 1er février au 18 mai 2008

    Toutes les facettes du dessinateur sont évoquées à travers cette présentation, des caricatures réalisées sur les bancs de l'école tout d'abord, puis, plus tard, sur ceux de l'Assemblée, aux notations dans ses carnets de voyage, en passant par les croquis d'architecture, avec un éclairage particulier sur les dessins plus aboutis, mystérieux, tourmentés, où se révèle son génie visionnaire. C'est de 1852 à 1870, années pendant lesquelles le poète est contraint à l'exil dans les îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey que, face au spectacle de l'océan et de ses incessantes métamorphoses, son activité dans ce domaine est la plus inspirée. Le dessinateur recourt alors essentiellement au lavis d'encre qu'il jette sur le papier, exploitant le moindre accident survenant lors de la réalisation du dessin, taches, pliages, coulures, empreintes et collages. L'exposition montre combien Victor Hugo, dans sa manière expérimentale de considérer la feuille de papier, peut apparaître comme un précurseur. L'emploi inventif des techniques et matériaux les plus divers et la liberté dont il fait preuve dans le maniement de son art lui ont valu l'admiration des artistes les plus novateurs du XXe siècle, du cubisme au surréalisme.

    Les œuvres exposées à la Fondation de l'Hermitage proviennent pour la plupart de la Maison de Victor Hugo à Paris, dont les collections sont conservées et mises en valeur dans les appartements de la place des Vosges que l'écrivain a occupés avant sa période d'exil. Plusieurs musées et collectionneurs privés ont également contribué à enrichir cette sélection, qui reflète toutes les époques de l'activité graphique du poète. Des portraits de l'artiste et de sa famille sont également exposés, ainsi que des photographies que Victor Hugo réalise avec ses fils sur les lieux de son exil à Jersey, et les caricatures qui forgent la gloire de l'écrivain et reflètent le succès public de son œuvre en France. Une partie documentaire est consacrée aux liens qui unissent Victor Hugo à Lausanne. Ce dernier visite en effet la ville à quatre reprises, notamment en septembre 1869, lorsqu'il assiste en tant que président d'honneur au Congrès de la Paix et de la Liberté. On peut encore voir les affiches qui annoncent ses publications, des éditions originales de ses principaux ouvrages, divers manuscrits et lettres évoquant la figure de ce géant culturel et médiatique qui domine de son immense stature morale et littéraire toute la scène française du XIXe siècle.

    Commissariat : élaborée en partenariat avec la Maison de Victor Hugo à Paris, l'exposition est placée sous le commissariat de l'écrivain et critique d'art Florian Rodari, organisateur en 1998 de la première exposition de dessins de Victor Hugo à New York, et commissaire d'une manifestation présentée en automne 2007 à Paris sous le titre de L'Esprit de la lettre, montrant les affinités des avant-gardes avec les audaces de l'auteur des Travailleurs de la mer.

    Catalogue : publié en coédition avec les Editions 5 Continents à Milan, le catalogue contient les contributions de Françoise Heilbrun, conservateur en chef au Musée d'Orsay à Paris, Jean-Marc Hovasse, agrégé et docteur ès lettres, chargé de recherche au CNRS, Danielle Molinari, conservateur général de la Maison de Victor Hugo à Paris et de Hauteville House à Guernesey, ainsi que de Florian Rodari, commissaire de l'exposition. Reproduisant en couleur la plupart des œuvres exposées, il compte 144 pages, avec 95 illustrations dont 70 en pleine page.

    Au cinéma : parallèlement à l'exposition, la Cinémathèque suisse à Lausanne présente un cycle de films autour de l'œuvre de Victor Hugo, du 27 janvier au 29 février 2008. Programme et informations sur www.cinematheque.ch

    Horaires :
    Mardi à dimanche de 10h à 18h,
    Jeudi de 10h à 21h.
    Fermé le lundi, excepté lundi de Pâques (24 mars) et lundi de Pentecôte (12 mai) de 10h à 18h.

     

    CONFERENCES

    Jeudi 6 mars 2008 à 18h30
    Victor Hugo et la peine de mort
    par Robert Badinter, professeur émérite de l'Université Paris I, ancien Ministre de la Justice

    Jeudi 24 avril 2008 à 19h
    Victor Hugo en Suisse
    par Jean-Marc Hovasse, chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique et biographe de Victor Hugo

    Prix: CHF 5.- (en plus du billet d'entrée)

    Sans réservation (nombre de places limité)


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    Rémy de Gourmont, Proses moroses, Lyon, A rebours, 2004

    La Tour Saint-Jacques (page 49)

     

    La Tour Saint-Jacques, solitaire et honteuse de sa beauté démodée, la vieille tour au bêtes parlantes, aux bêtes de pierre et de rêve...

    Ils s'adonnaient rapidement, ce jour-là, à une brève et instructive promenade : un Américain de marque (c'est à dire semblable à tous les Américains, la distinction étant désormais dans la parité) et notre ami M. Virgile-Austère Méliorat.

    "- Voilà bien, murmurait le voyageur attristé, ces vieux Européens... Garder et entourer de grilles quelques pierres déformées et périmées... Pourquoi ? Parce que c'est ancien !"

    Elevant la voix, il ajouta, l'air négligent, la main dressé vers la vieille tour solitaire et honteuse :

    "- Naturellement, ça ne sert à rien !"

    "- Comment, répondit notre ami, d'un ton où se mêlaient les reproches, la colère, la stupeur, à rien ? Y songez-vous ? Nous prenez-vous pour des enfants ? L'heure des jouets n'est plus, monsieur... Nous avons appris à tirer parti des choses. Cette tour est utile : elle sert, monsieur, elle sert à la Science. Elle abrite, sous les ridicules symboles de ses moellons déchiquetés :

    1° un laboratoire de physique expérimentale;

    2° un baromètre à eau (30 mètres de haut), à stylo-traceur électrique... Hein ? Vous voyez ? ... Oh ! ce cieux tube, cette antique coquille, ça ne doit pas être un fameux laboratoire, mais c'était tout fait, ça épargne de la maçonnerie...

    "- Avouez-le, répliqua, glacial et goguenard, l'Américain, - vous en êtes encore à respecter ça, ça...

     


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