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    Herman Melville, Trois contes doubles, Grenoble, Editions Cent Pages, 2005

     

    Le Paradis des célibataires

     

    Il n'est pas très éloigné de Temple Bar.

    En s'y rendant, par le chemin habituel, on a l'impression de quitter une plaine surchaufée et de

    se retrouver dans une profonde et fraîche vallée, ombragée par les collines qui l'entourent.

    Incommodé par le vacarme et souillé par la boue de Fleet Street - où se pressent ces Bénédict

    de commerçants, le front ridé des lignes de leurs grands livres, réfléchissant à l'augmentation

    du pain et à la dépression postnatale - tournez dextrement en arrivant à un carrefour mystique -

    ce n'est pas une rue - glissez le long d'un passage monastique et peu éclairé flanqué d'édifices

    sombres, sobres et solennels, puis sans cesser d'avancer, quittez en tapinois tout ce monde accablé

    de soucis pour, enfin dépêtré, vous retrouver dans des cloîtres tranquilles du Paradis des Célibataires. [...]


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    Frédéric Martel, De la culture en Amérique, Paris, Gallimard, 2006

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>
     

    Mais les surprises ne viennent pas seulement des passerelles entre l'art savant et la culture populaire : elles viennent aussi de l'avant-garde et de la contre-culture qui ont longtemps  élu domicile à Times Square. C'est dans ses bas-fonds, avant que le quartier ne soit ripoliné par Disney, entre « sex-addicts » et « sex-shops », que sont nées certaines photographies du Ballad of Sexual Dependency de Nan Goldin et les œuvres des artistes radicaux des « culture wars ». Accusant leur pornographie ou leur homo-érotisme, la droite républicaine ultra-conservatrice de Reagan et George Bush a censuré ces artistes en coupant les subventions publiques pour l'avant-garde, durant ce que l'on a appelé les « guerres culturelles ». Mais la résistance a été vive et la contre-culture est devenue plus radicale que jamais. Le système culturel américain produit donc tout et son contraire, le meilleur et le pire. Il est plus complexe et plus paradoxal que ce que l'on croit généralement. Et encore ne sommes-nous qu'au début d'un long voyage.

     


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    John Berger, La Cocardille, Champs Vallon, 1992

    Première édition en anglais 1979

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le vent hurle aussi
    <o:p> </o:p>

    Parfois la nuit, lorsque j'entends hurler le vent, je me souviens. Il y avait très peu d'argent au village. Pendant huit mois nous travaillions la terre afin de produire juste assez pour manger, nous habiller et nous chauffer toute l'année. Mais en hiver la nature était comme morte, et c'est alors que notre manque d'argent devenait critique. Non parce qu'il eût fallu de l'argent pour acheter ceci ou cela, mais parce que l'argent manquait pour accomplir le travail même. C'est pour cela, et pas tant à cause de la neige, du froid et de la brièveté des jours, que nous devions rester autour du poêle à bois et vivre dans une sorte de limbes.

    <o:p> </o:p>

    Beaucoup d'hommes quittaient le village pour Paris, pour gagner un salaire de chauffeur, porteur ou ramoneur. Avant de partir, ils s'assuraient que la provision de foin, de bois et de pommes de terre tiendrait jusqu'après Pâques. Restaient les femmes, les vieillards et les enfants. Pour moi, ne pas avoir de père pendant l'hiver se remarquait à peine, car la moitié des enfants du village étaient temporairement sans père. [...]

     


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       L'animal et l'homme, article de France-Dimanche, 1950, Robert Schuman et chien


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          Guy Debord, La Société du Spectacle, Paris, Gallimard, 1992

          première édition 1967 chez Buchet-Chastel

     

          1-

          Toute la vie des sociétés dans lesquelles règnent les conditions modernes de production s'annonce

          comme une immense accumumlation de spectacles. Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné

          dans une représentation.

     

          2-

          Les images qui se sont détachées de chaque aspect de la vie fusionnent dans un cours commun, où

          l'unité de cette vie ne peut plus être rétablie. La réalité considérée partiellement se déploie dans sa

           propre unité générale en tant que pseudo-monde à part, objet de la seule contemplation. [...]

     

         3-

         Le spectacle se présente à la fois comme la société même, comme une partie de la société, et comme

         un instrument d'unification. [...] et l'unification qu'il accomplit n'est rien d'autre qu'un langage officiel

         de la séparation généralisée.


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