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      Le garçon de café de Jean-Paul Sartre
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    Sartre évoque l'appareil de gestes, d'attitudes, de mimiques, de positions, de manières de se déplacer, exploitées volontairement et consciemment par le garçon de café, qu'il observe au Lipp sur le boulevard St Germain. Il explique le jeu opéré par le sujet pour endosser un rôle social, et la mise en scène forcée destinée à le faire exister dans l'espace public comme agent spécifique, dont les missions sont clairement affirmées par les apparences.

    <o:p> </o:p><o:p></o:p> <o:p> </o:p>L'Etre et le Néant, Jean-Paul Sartre

    « Toute sa conduite semble un jeu. Ils s'applique à enchaîner comme s'ils étaient des mécanismes se commandant les uns les autres, sa mimique et sa voix même semblent des mécanismes ; il se donne la prestesse et la rapidité impitoyable des choses. »

     

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    Sartre pose ici la question de la relation, de la distance entre le moi et la fonction ou le rôle social. L'appropriation excessive de l'appareil gestuel et comportemental pour occuper un rôle social clairement définit peut devenir dangereux. Le désintéressement total vis-à-vis d'une fonction et le refus d'endosser les codes qu'elle requiert est tout aussi maladroit. Cette question existentialiste qui oppose clairement Sartre à des structuralistes comme Claude Lévi-Strauss, permet toutefois de se demander quel est le rapport de l'individu à la société dans lequel il évolue et au sein de laquelle il doit exister. Les stratégies décrites pour le garçon de café, sont pleinement associées à une réflexion sur l'image que le sujet projette sur la société. L'approche existentialiste, basée pour l'anecdote de Sartre, sur une observation notée au café, permet d'élargir nos questionnements à la présence de l'image dans la société contemporaine, et plus particulièrement sur les stratégies mises en œuvre pour la manipuler et la contourner afin qu'elle démontre ce que l'on en attend de manière réflexive.

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    Les relations entretenues avec l'image par l'actuel président de le République sont éloquentes à ce titre. On l'a beaucoup dit, Sarkozy communique avec l'image, il maîtrise l'image qu'il donne de lui, peut la retoucher si elle ne lui convient pas, met en scène des séquences pour qu'elles renvoient ce qu'il est bon de comprendre sur le sujet.

    Tout comme le garçon de café de Sartre, un président endosse un rôle, dès le jour où il prend ses fonctions permises par son élection. Il passe d'un statut d'homme public, à celui de président d'une république : garant du respect du pacte républicain. Quoiqu'on en dise, il y a un aspect solennel dans la prise de fonction et la part de représentation, de mise en scène est nécessaire. Elle permet à celui qui était homme, de comprendre qu'il est désormais pour une période éphémère, le garant de principes immatériels qu'il se doit d'incarner avec dignité. Des attitudes, des mots, des gestes doivent ainsi permettre de pénétrer la fonction exceptionnelle qui lui est confiée. D'où l'importance d'entretenir une image et de communiquer autour de l'image forgée par un travail presque iconographique. Tous les grands hommes d'Etat constituent une image officielle, garante de l'incarnation de la lourde mission qui leur est confiée.

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    Le problème du cas Sarkozy tient dans le fait que l'incarnation n'a pas été facile à reconnaître et qu'elle se mue au gré des évènements, en toute sorte d'attitude qui ne peuvent se substituer à la fonction principale et inébranlable de président. Sarkozy tente de contrôler en permanence son image et de se forger une iconographie qui lui est propre, décalée de se que l'on connaissait, et en apparence moins conservatrice que celle de ces prédécesseurs. Mais cette maîtrise décomplexée et mal habilement gérée a fait passer le président de la République de l'habit de l'homme d'affaire, à celui de vacancier, de touriste en Egypte, d'homme vivant une séparation amoureuse... Les appareils relatifs à chacun des rôles étant exacerbés à l'extrême. Sarkozy n'endosse pas un rôle, celui pour lequel il a été élu, mais une multitude de costumes.

     

    L'addition s'il vous plait ?

    GP


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     Aurélie Pagès | Les forêts

     

     

     "Au milieu du chemin de notre vie
    je me retrouvai par une forêt obscure
    car la voie droite était perdue.
    Ah dire ce qu'elle était est chose dure
    cette forêt féroce et âpre et forte
    qui ranime la peur dans la pensée ! "
    Dante, Chant I, L'Enfer, La Divine Comédie

    Les Forêts construisent dans l'espace d'exposition un panorama fragmenté dont les morceaux oscillent entre réel et fiction. Les images, instables, tendent à matérialiser cette tension, ce point de rupture, multipliant les collisions et les accès de lecture.


    Les "Troncs", suite de gravures sur bois de grand format (1,20 m x 1,60 m) imprimées puis rehaussées par des interventions monotypes ou dessinées,  forment la structure, l'ossature sur laquelle se greffent impressions numériques et lithographiques. Il s'agit de dix variations autour de la même matrice, les états deviennent les séquences d'une métamorphose en cours.


    La dualité des techniques utilisées, photographie et dessin, où la froideur du grain numérique vient contraster avec l'énergie d'une trace humaine, témoigne de l'ambiguïté de l'espace imaginaire ainsi construit.


    L'arbre isolé, et plus encore le tronc, affirmant sa verticalité, agit comme un repère qui stabilise la vision, l'existence.


    Mais la ligne prolifère, induisant une vibration propice à l'égarement, à la dérive. Les panoramas, jouant sur la répétition du motif et générant un tremblement de la vision troublent la progression. Les chemins se révèlent multiples, et l'espace  étrange.

     Muriel Moutet

     

     

     Galerie Françoise Besson

     48 rue Burdeau 69001 LYON

     jeudi au samedi, de 15h à 19h


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    L'éphémère Palace de Fabrice Emaer, un documentaire de Perrine Kervran et Véronik Lamendour.

    France culture, La Fabrique de l'Histoire, dans la série sur l'Histoire de la nuit mardi 18 mars 2008

    Ils avaient envie d'être beaux et de faire la fête, les garçons portaient les cheveux courts et des pantalons près du corps, les filles étaient glamour et marchaient en talons aiguilles... Ils aimaient le punk, la new wave, la disco, ils étaient modernes, chics et branchés. Le jour, ils travaillaient dans la pub, le design, les médias, la mode (ou dans tous les cas ils y aspiraient) et la nuit ils côtoyaient la jet set. Ils avaient renoncé à l'austérité, aux utopies politiques, au gauchisme militant et renouaient avec l'hédonisme, le paraître et l'individualisme. Ils vivaient les dernières années Giscard et les premières années de la gauche dans un climat qui n'était pas sans rappeler celui de la Régence.
    Leurs nuits seront celles du Palace mises en scène par Fabrice Emaer et immortalisées par les chroniques d'Alain Pacadis dans Libération ou par Roland Barthes dans Vogue Homme. Le Palace où tout le monde pouvait devenir célèbre pourvu qu'il soit beau et original, même s'il était parfois simplement paumé, amer et désabusé.
    Le Palace que fréquentait une génération montante, celle des Kenzo, Mugler, Gaultier, Mondino, Goude, Pierre et Gilles, mais aussi Aragon, Barthes ou Andrée Putman et des centaines d'inconnus...

     

    Emission à écouter sur le site de France culture

    http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabriquenew/fiche.php?diffusion_id=60872

     



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