• Nietzsche

     

    Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Paris, Aubier, 1969

     

    Des contempteurs du corps

     

    J'ai un mot à dire à ceux qui méprisent le corps. Je ne leur demande par de changer d'avis ni de doctrine, mais de se défaire de leur propre corps - ce qui les rendra muets. "Je suis corps et âme" - ainsi parle l'enfant. Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ?

    Mais l'homme éveillé à la conscience et à la connaissance dit : "Je suis tout entier corps, et rien d'autre; l'âme est un mot qui désigne une partie du corps".

    Le corps est une grande raison, une multitude unanime, un état de paix et de guerre, un troupeau et son berger.

    C'est une grande raison que tu appelles ton esprit, ô mon frère, n'est qu'un instrument de ton corps, et un bien petit instrument de ton corps, un jouet de ta grande raison.

    Tu dis "moi", et tu es fier de ce mot. Mais il y a quelque chose de plus grand, à quoi tu refuses de croire, c'est ton corps et sa grande raison; il ne dit pas mot, mais il agit comme un Moi.

    Ce que pressent l'intelligence, ce que connaît l'esprit n'a jamais sa fin en soi. Mais l'intelligence et l'esprit voudraient te convaincre qu'ils sont la fin de toute chose; telle est leur fatuité. (...)


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