• John Berger

     

    John Berger, La Cocardille, Champs Vallon, 1992

    Première édition en anglais 1979

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p><o:p> </o:p>Le vent hurle aussi
    <o:p> </o:p>

    Parfois la nuit, lorsque j'entends hurler le vent, je me souviens. Il y avait très peu d'argent au village. Pendant huit mois nous travaillions la terre afin de produire juste assez pour manger, nous habiller et nous chauffer toute l'année. Mais en hiver la nature était comme morte, et c'est alors que notre manque d'argent devenait critique. Non parce qu'il eût fallu de l'argent pour acheter ceci ou cela, mais parce que l'argent manquait pour accomplir le travail même. C'est pour cela, et pas tant à cause de la neige, du froid et de la brièveté des jours, que nous devions rester autour du poêle à bois et vivre dans une sorte de limbes.

    <o:p> </o:p>

    Beaucoup d'hommes quittaient le village pour Paris, pour gagner un salaire de chauffeur, porteur ou ramoneur. Avant de partir, ils s'assuraient que la provision de foin, de bois et de pommes de terre tiendrait jusqu'après Pâques. Restaient les femmes, les vieillards et les enfants. Pour moi, ne pas avoir de père pendant l'hiver se remarquait à peine, car la moitié des enfants du village étaient temporairement sans père. [...]

     


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