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    Extrait d'un entretien avec Georges Didi-Huberman

    Je suis enfant de peintre. Je passais des heures dans l'atelier. Je regardais les tableaux en train de se faire. Je faisais l'assistant, je lavais les pinceaux. Très tôt, j'ai aimé discuter du travail, du ¬processus, de comment s'enchaînent les problèmes dans un tableau. Il y avait aussi une forte charge érotique dans cet atelier (les catalogues de dessins, Ingres ou Bellmer, Les Larmes d'Éros de Georges Bataille...). Je faisais de l'auto-stop pour aller voir les galeries d'art contemporain à Paris et quelques ateliers de sculpteurs. Adolescent, je travaillais souvent au Musée d'Art moderne de Saint-Étienne, aidant à la documentation, assistant aux accrochages d'exposition ou m'essayant à des visites commentées — toujours très vives — avec un public généralement suspicieux devant l'art depuis Cézanne. Donc, l'élément natif, si l'on peut dire, c'est l'art contemporain, c'est-à-dire l'art de chaque instant présent, l'art en tant que question toujours en train de se poser. Je ne suis entré dans l'art médiéval et renaissant que lorsque j'en ai eu l'expérience concrète, lors des quatre ou cinq ans que j'ai passés, bien plus tard, en Italie. Mais, là encore, devant les « taches » de Fra Angelico, par exemple, les questions comment c'est fait ? comment se pose le problème ? venaient en avant des questions qui a fait cela ? ou qu'est-ce que ça veut dire ? C'est pourquoi j'ai l'impression d'avoir plus appris des ¬artistes eux-mêmes — avec qui le dialogue n'a jamais cessé — que des historiens.


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